Toute la Pastorale

À Pittsburgh, William Steinberg instaura son Beethoven rapide, clair, incisif, comme hérité de celui d’Arturo Toscanini, et une fois mis au point, ils en enregistrèrent ensemble par deux fois l’intégrale des Symphonies.

Prenant son magister à Pittsburgh, Manfred Honeck, si féru des enregistrements du passé, savait tenir là l’instrument parfait pour un cycle Beethoven qu’il construit pas à pas, renouvelant à chaque étape notre écoute des œuvres.

Il ose dans la « Pastorale » ce à quoi beaucoup se refusent : la prendre pour ce qu’elle est d’abord, de la musique descriptive, et strictement. Adieux pinceaux, bonjours crayons, tout ici est d’une précision aveuglante, appuyée sur une lecture rythmique d’une précision fanatique qui donne le sentiment de voir la partition défiler sous nos yeux.

Les tempos évidemment sont toscaniniens, fusants, et rendent à l’œuvre son modernisme incendiaire ; la réflexion sur les phrasés et les accents revisite la nature même de la musique (écoutez l’ondoiement magique de la Scène au bord du ruisseau), en débusque des beautés qu’on n’y avait perçues jusque-là qu’à travers les brouillards de l’évocation. Orage vif, dont le coup de vent tranche l’atmosphère avant les délectations du chant de berger.

En coda, les quatre images d’orchestre du Silent Spring de Steven Stucky, formidables machines d’orchestre où s’invitent des souvenirs de Debussy, montrent quel sorcier des sons sait être Manfred Honeck.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 6 en fa majeur, Op. 68 « Pastorale »
Steven Stucky (1949-2016)
Silent Spring

Pittsburgh Symphony Orchestra
Manfred Honeck, direction

Un album du label Reference Recordings FR744SACD
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Photo à la une : le chef d’orchestre Manfred Honeck – Photo : © Felix Broede