Album intrigant, commencé dans l’Espagne de fantaisie de Sarasate et fini dans celle de pure guitare de Tárrega, réinventé génialement pour le violon seul par Ruggiero Ricci qui en fit l’un de ses bis favoris.
La virtuosité sans frein d’Augustin Hadelich dans le Sarasate est époustouflante, l’éditeur prenant le soin d’en plager chaque épisode, il est plus court dans le Tárrega, qui sonne un peu étude.
Peu importe, car au fond l’objet du disque est ailleurs, en Russie avec un Deuxième Concerto de Prokofiev savoureux, très paysagé, même si j’aurai préféré entendre l’archet poète d’Hadelich dans les opiums du Premier Concerto, mais surtout en Angleterre avec la sombre splendeur qu’est le Concerto de Britten, décidément très couru par les archets de la jeune génération.
L’élan tempétueux qui parcourt l’Agitato, l’ampleur de l’archet dans la Passacaille, le jeu diabolique, mordant, sardonique dans le mouvement perpétuel du Vivace prouvent les affinités électives entre le violoniste et ce chef-d’œuvre trop longtemps méconnu au sein du catalogue de Britten. Que manque-t-il ? L’orchestre est un brin assis, démonstratif certes, mais sans l’élan, le son de tempête, l’espace qui sauraient retrouver le violoniste aux mêmes altitudes.
Pour Hadelich, on doit de toute façon écouter ce disque.
LE DISQUE DU JOUR
Pablo de Sarasate (1844-1908)
Fantaisie de concert sur des thèmes de « Carmen » de Bizet, Op. 25
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour violon et orchestre No. 2 en sol mineur, Op. 63
Benjamin Britten (1913-1976)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, Op. 15
Francisco Tárrega (1852-1909)
Recuerdos de la Alhambra (arr. pour violon solo : Ruggiero Ricci)
Augustin Hadelich, piano
WDR Sinfonieorchester
Cristian Măcelaru, direction
Un album du label Warner Classics 19029631076
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Photo à la une : le violoniste Augustin Hadelich – Photo : © Suxiao Yang