C’est dans l’atelier du dernier Beethoven que Roel Dieltiens et Andreas Staier nous font pénétrer : deux Sonates où une copie d’un rare Stradivarius signée Marten Cornelissen et le Clarke d’après Graf font les médiations et les foucades plus âpres, plus contrastées, plus imprévisibles surtout.
Le jeu dans les cordes, la violence concentrée de l’archet, Roel Dieltiens voulait-il évoquer le geste si pénétrant, et pourtant sans aucun charme, qu’y osait Pablo Casals à l’époque du 78 tours ou en concert à Prades ? La même urgence, et malgré le montage en boyau, une quasi-même nature sonore interpellent.
Entre ces deux chefs-d’œuvre qui n’en finissent pas d’étonner, Andreas Staier glisse les ultimes cahiers de Bagatelles, où le presque-rien contraste avec les fulgurances. Son pianoforte en saisit les couleurs harmoniques voulues étranges, l’univers fantasque où se mirent des souvenirs du Sturm und Drang, manière de nous avertir qu’il n’en a pas fini avec Beethoven : j’applaudis et je guette la suite.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour violoncelle et piano No. 4 en ut majeur, Op. 102 No. 1
11 Bagatelles, Op. 119
Sonate pour violoncelle et piano No. 5 en ré majeur, Op. 102 No. 2
6 Bagatelles, Op. 126
Roel Dieltiens, violoncelle
Andreas Staier, pianoforte
Un album du label harmonia mundi HMM902429
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Photo à la une : le claveciniste et pianofortiste Andreas Staier – Photo : © Hiroyuki Ito