Charles-Hubert Gervais, un musicien pour l’église ? Compositeur brillant, dont l’art semblait idéalement voué à rayonner dans le sillage libertin du Régent, il était né pour le théâtre, ce que sa fulgurante Hypermnestre aura prouvé, en attendant que le disque révèle sa grande tragédie lyrique, Méduse.
Et c’est le théâtre qu’il invite dans les Motets écrits pour les fastes des offices de la Cour de Louis XV, pas le grand appareil descriptif qu’osera Mondonville plus tard, mais bien le théâtre des mots au long d’admirables récits, dont la noblesse, l’émotion, rappellent qu’il succédait, aux côtés de Campra, à rien moins que Michel Richard De Lalande, se coulant plus naturellement dans les souvenirs du style du Grand Siècle que le bouillonnant aixois. Écoutez seulement l’incipit du Miserere.
Tout un autre monde s’ouvre dans l’efflorescence quasi licencieuse du Jubilate Deo, harmonies dorées, paroles chatoyantes, montrant la diversité de ce corpus qu’on découvre enfin dans les lectures profuses et sensibles de la belle bande menées avec raffinement par Sylvain Sartre et Margaux Blanchard.
D’autres volumes devraient suivre, mais je vois que déjà György Vashegyi, qui avait ressuscité Hypermnestre au disque, lui brûle la politesse, annonçant chez Glossa cinq autres Motets.
LE DISQUE DU JOUR
Charles-Hubert Gervais (1671-1744)
Grands Motets pour Louis XV
Super flumina Babilonis
Jubilate Deo
Miserere
Marie Perbost, soprano
Deborah Cachet, mezzo-soprano
Nicholas Scott, ténor
Paco Garcia, ténor
Benoît Arnould, baryton
Chœur du Concert Spirituel
Les Ombres
Margaux Blanchard & Sylvain Sartre, direction
Un album du label Château de Versailles Spectacles CVS073
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Photo à la une : Margaux Blanchard et Sylvain Sartre, fondateurs et directeurs artistiques de l’ensemble Les Ombres – Photo : © Jean-Baptiste Millot