Tenir les deux bouts de l’imaginaire debussyste, voilà ce que Steven Osborne tente ici. Son piano si parfaitement éduqué, si versé dans la littérature française, où pas un marteau ne paraît, vous a un petit côté Gieseking qui en agacera certains et ravira les vrais amis du faune.
Admirable comme il souligne le ton encore un peu Chabrier de la Danse bohémienne, avant de faire sa Mazurka, ses Arabesques fluides, dorées d’harmonies déjà un peu étranges, pour mieux s’engager dans les mystères de la Valse romantique, dans les paysages mystérieux de la Ballade faussement slave, vrai hommage à peine dissimulé à Chopin.
Le miroitement des timbres, l’art allusif des phrasés, l’élégance nostalgique du tout, qui berce une fabuleuse Suite bergamasque, des Images oubliées automnales, vont comme un gant à ces pièces coulées de la plume d’un jeune homme.
Mais la profondeur harmonique de son beau piano exalte avec autant de bonheur la bouleversante Élégie, le tendre murmure des « soirs illuminés par l’ardeur du charbon », disant avec pudeur les méditations fugitives de l’ultime Debussy.
Suite d’une intégrale Debussy ? Il le faut.
LE DISQUE DU JOUR
Claude Debussy (1862-1918)
Early and Late Piano Pieces
Danse bohémienne, L. 4
Mazurka, L. 75
Deux Arabesques, L. 74
Rêverie, L. 76
Valse romantique, L. 79
Ballade slave, L. 78 « Ballade »
Suite Bergamasque, L. 82
Tarantelle styrienne, L. 77 « Danse »
Nocturne, L. 89
Images oubliées, L. 94
Morceau de concours, L. 117
Hommage à Haydn, L. 123
The little nigar, L. 122
Pièce pour l’oeuvre du Vêtement du blessé, L. 141 « Page d’album »
Élégie, L. 146
Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon, L. 150
Steven Osborne, piano
Un album du label Hypérion CDAA68590
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Photo à la une : le pianiste Steven Osborne – Photo : © DR