L’orchestre d’Hugo Wolf ? S’il n’y avait eu Penthesilea il serait pur chimère, ce que rappelle la lecture factuelle de Simon Gaudenz et de la Jenaer Philharmonie, probe, mais disqualifiée pour l’emportement du geste ne serait-ce que par l’enregistrement princeps d’Otto Gerdes (Deutsche Grammophon). Et Pourtant, hors Penthesilea, Wolf habilla de symphonies douze de ses Lieder.
C’est l’apport majeur de ce disque, ce corpus resserré n’ayant guère connu de nouvelles propositions depuis l’album tardif de Dietrich Fischer-Dieskau pour Orfeo.
Le baryton plus clair et pourtant pas moins diseur de Benjamin Appl en éclaire les poèmes naïfs ou introspectifs, colore les mots d’émotion, et parvient à l’idéal – allégement du verbe, profondeur des timbres, avec cette ombre de souffle sur la ligne – dans un Anakreons Grab parfait.
Ailleurs, le sens de l’épique ne lui manquera pas (Prometheus), ni celui du récit (Denk’es, o Seele, avec sa timbale wagnérienne). Sommet de l’ensemble, trois Harfenspieler décantés, admirables de ligne, dans l’orchestre barde d’une formation modeste mais tout au service de son chanteur.
LE DISQUE DU JOUR
Hugo Wolf (1860-1903)
Schlafendes Jesuskind
Epiphanias
Anakreons Grab
Denk’es, o Seele
Prometheus
An den Schlaf
Harfenspieler I, II, III
Sterb’ ich
Gebet
Fußreise
Penthesilea
Benjamin Appl, baryton
Jenaer Philharmonie
Simon Gaudenz, direction
Un album du label CPO 555380-2
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Photo à la une : le baryton Benjamin Appl – Photo : © DR