Le chef-d’œuvre de Franck, la Symphonie, le Prélude, Choral et Fugue, les Variations symphoniques ? Plutôt le Quintette en fa mineur, œuvre au noir, bouleversante à force de ténèbres, si schumannienne soudain sous les doigts de François Dumont, qui fait sonner un admirable piano (non nommé, comme trop souvent), évoquant autant l’orgue que l’orchestre.
Il emporte les Pražák dans ce voyage vers le sombre qui parcourt tout ce molto moderato que Franck note « quasi lento » mais qui ici est transcendé par une animation trop rarement perçue.
Entre deux ciels, le Lento est émouvant comme jamais, l’émotion supplantant le sentiment, avant la course mortelle d’un Finale dont les hallucinations sont ici absolument schumanniennes, et d’autant plus fascinantes, avant que le thème glorieux n’impose son ascension, exaltant une vraie symphonie.
Quelle version ! J’aurais bien entendu ensuite le Quatuor avec piano de Schumann, ou son Quintette, mais non, les Pražák laissés seuls chantent avec ferveur et poésie l’Opus 105 de Dvořák, admirable certes, mais c’est déjà, pour ainsi dire, d’une autre planète.
LE DISQUE DU JOUR
César Franck (1822-1890)
Quintette pour piano et cordes en fa mineur, FWV 7, CFF 121
Antonín Dvořák (1841-1904)
Quatuor à cordes No. 14 en la bémol majeur, Op. 105, B. 193
François Dumont, piano
Quatuor Pražák
Un album du label Praga Digitals PRD250422
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Photo à la une : © DR