Bruckner, la cause est entendue, Takashi Asahina en est devenu, même en Occident, un apôtre jusqu’à Chicago et en passant par Berlin et Hambourg, mais Mahler ? Il le réserva au public nippon, avec des bonheurs variés, tel Chant de la Terre, telle 9e Symphonie laissant autant d’admiration que de réserve. Exception, la Sixième Symphonie, qu’il reprend avec sa Philharmonie d’Osaka au début des années quatre-vingt-dix, devenu alors une sorte de dieu vivant.
Quelle âpreté, quelle violence jusqu’à l’abrupt dès l’Allegro, quelle noirceur, avec ce quelque chose de drastique inhérent à son art, cette façon d’avancer coûte que coûte qui sidère. Sommet de la soirée, le grand développement lyrique de l’Andante (placé en troisième positon évidemment, et non pas en deuxième comme indiqué par l’éditeur) qui atteint au cosmique et dévoile un art du sostenuto, une conduite intemporelle de la phrase musicale, un continuum harmonique de la phalange symphonique sidérants.
Rien que pour ce moment le concert est historique, mais ce Scherzo implacable, ce Finale immense comme un océan sont tout aussi saisissants.
Si vous découvrez à cette occasion l’art de Takashi Asahina, herborisez dans la collection que lui consacre St-Laurent Studio : raretés, les deux Concertos pour piano de Brahms, et deux Symphonies de Bruckner (No. 5 et No. 9) avec Chicago.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 6 « Tragique »
Orchestre Philharmonique d’Osaka
Takashi Asahina, direction
Enregistré le 18 février 1992
Un album du label St-Laurent Studio YSL 1260 T
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Photo à la une : le chef d’orchestre Takashi Asahina – Photo : © DR