Belle idée : restituer les Préludes de l’Orgelbüchlein, recueil laissé inachevé, Bach quittant Weimar pour la Cour de Cöthen, en mettant en regard les quarante-cinq achevés avec les chorals qu’ils devaient introduire. La simplicité de ces petites pièces d’orgue cachant de discrets trésors de poésie rayonne d’autant plus lorsque les chorals leur font écho, l’orgue de Benjamin Alard se glissant dans les voix à la manière d’un petit orchestre, avec ses jeux melliflus, son imaginaire sonore qui portent les chants et affirment le sens des textes.

La proposition ouvre de nouveaux horizons dans cette intégrale au long cours de l’œuvre pour les claviers, l’ancrant dans une démarche spirituelle qui augmente le rayonnement de ce cahier trop souvent rejeté en marge du corpus organistique.

Le recours à la Maîtrise Notre-Dame de Paris ajoute au chœur des croyants incarné par l’Ensemble Vocal Bergamasque la couleur si spécifique des voix d’enfants, reconduisant à la pratique courante des Temples, si bien que l’ensemble prend un ton philologique sans pour autant jamais oublier le sens de la communion, l’éclat d’une spiritualité du quotidien dont l’imperturbable sérénité est une fête.

Magnifique, vous ne pourrez probablement plus entendre l’Orgelbüchlein différemment.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
The Complete Works for Keyboard, Vol. 7
Orgelbüchlein, BWV 599-644

Marine Fribourg, mezzo-soprano
Ensemble Vocal Bergamasque
Chœur d’enfants de la Maîtrise Notre-Dame de Paris (direction : Emilie Fleury)

Benjamin Alard, orgue

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM903498.99
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Photo à la une : Lucas Cranach (1515-1586), Luther dans les vignes du Seigneur, 1569, présent au sein de l’Église de Wittenberg –
Photo : © HM/agk images