Ce sfumato qui ouvre l’entre chien et loup de l’Andante comodo, Sir Simon Rattle ne l’avait jamais osé aussi irréel, comme déjà détaché du monde, oméga de l’œuvre d’emblée. Étonnante lecture, infiniment fluide, lyrique absolument, comme à revers de ses propositions précédentes avec Vienne ou Berlin, et pour ceux qui auront suivi les parutions de la Radio Bavaroise, si proche du regard apaisé qu’y distillait Bernard Haitink dans son concert de 2011, les musiciens s’en souviendraient-ils, probablement sous le coup de la disparition récente du chef néerlandais ?
Sans apprêtés, joués sur les pointes, Ländler et Burleske filent leurs étonnants jeux de timbres, assez « Kammersinfonie » (il faut souligner à quel degré de virtuosité, pour le simple jeu physique comme pour l’entendement de cette musique, sont parvenus les Bavarois, le magister de Rafael Kubelik a décidément porté ses fruits), Rattle rapprochant l’ultime Mahler du premier Schoenberg, pour mieux préparer l’auditeur à cet Adagio qui en stupéfiera plus d’un.
Fluide, en tempo preste, décidément porté par un quatuor amoroso, ce Finale n’est plus du tout l’adieu à la terre frère de celui du Lied von der Erde, mais un voyage empli de paysages sonores saisissants, l’atmosphère d’un autre monde s’y engouffre, et soudain le lien avec l’Adagio de la 10e paraît, au point qu’une fois le silence des pianissimos consommé, j’aurai voulu l’entendre par les mêmes.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 9
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Sir Simon Rattle, direction
Un album du label BR-Klassik 900205
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Photo à la une : le chef d’orchestre Sir Simon Rattle – Photo : © DR