Ailleurs Erik Satie ? Denis Pascal répond non dès la Première Gymnopédie qu’il joue pour lui-même, en la colorant d’une pudeur toute ravélienne. Dans la Fantaisie-Valse, c’est Chabrier qui s’invite sous ses doigts justes pince-sans-rire comme il faut, et tout au long de l’album, derrière les nudités blanches on peut percevoir les couleurs de la révolution debussyste. On sait que Debussy mettra à certaines Gymnopédies justement les couleurs de son orchestre, Denis Pascal les entend dans les originaux.
Remis dans le grand bain du nouveau piano français, Erik Satie laisse son modeste Arcueil, sa barbichette – une jolie photographie de lui jeune et rasé de frais ouvre le livret – et jusqu’à cet humour que tant de pianistes ont asséné en premier plan.
Denis Pascal préfère la tendresse, clavier de nacre, doigts en caresse et parfois un rien désabusés (les Valses distinguées du précieux dégoûté, les Nouvelles pièces froides, les Embryons desséchés), d’autres fois un peu fantasques (la Sonatine), tout un univers qui ne se renferme pas sur lui-même, ose de pures échappées (sublime Fils des étoiles), et transporte tout l’album dans un paradis de sérénité que viennent chatouiller les deux mélodies, Je te veux dans un élégant chaloupé, et en ultima verba, La diva de l’Empire qui pour une fois ne fait pas sa cocotte.
Ce chic, c’est Satie qui a trouvé le pianiste qui lui manquait depuis France Clidat : allez, Monsieur Pascal, un autre petit voyage chez l’auteur de Parade.
LE DISQUE DU JOUR
Erik Satie (1866-1925)
Trois Gymnopédies
Désespoir agréable
Six Gnossiennes
Fantaisie-Valse
Sonatine bureaucratique
Trois valses distinguées du précieux dégoûté
Avant-dernières pensées
Le Fils des étoiles
Je te veux (Valse)
Embryons desséchés
Véritables préludes flasques (pour un chien)
Verset laïque et somptueux
Nouvelles pièces froides
La diva de l’Empire
Denis Pascal, piano
Un album du label La Musica LMU032
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Photo à la une : le pianiste Denis Pascal – Photo : © DR