Après le Deuxième Livre, le Premier et dès le Prélude en ut majeur, dévidé sur le jeu de luth, la certitude qu’Andreas Staier saura surprendre. L’invention et l’audace seront les maîtres-mots d’une réinterprétation drastique : les fugues comme autant d’opus magistraux, d’une rectitude, d’un aplomb, d’une roideur même que sollicite naturellement le son très XVIIe d’une copie d’un Hass pourtant daté 1734, mais les Préludes chaque fois comme autant de caprices, de visions, de folies : écoutez seulement la tempête qui emporte le Prélude en ut mineur ou la folle allégresse de celui en ut dièse !
D’ailleurs, si l’on programme l’écoute par plages paires, la singularité du propos saute aux yeux et dessale les oreilles au risque de faire passer les Fugues pour un pur exercice de sévérité. Mais Andreas Staier assume crânement les deux visages de cet univers, et à l’inverse de tant de ses confrères n’essaye pas d’expliquer l’un par l’autre, affirmant par son jeu altier qu’il y a bien deux Claviers bien tempérés, laissant au propos de Bach cette singularité visionnaire qui rend ces deux Livres inépuisables.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Le Clavier bien tempéré, Livre I – (24) Préludes et Fugues, BWV 846-869
Andreas Staier, clavecin
Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM902680.81
Acheter l’album sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : le claveciniste Andreas Staier –
Photo : © Opéra de Dijon/Gilles Abegg