Londres, fin des années 1970, Roger Norrington convertit son London Baroque Ensemble en une formation plus opulente : les London Classical Players. Du chef anglais, longtemps versé dans le domaine lyrique (on lui doit une intéressante restitution de l’Incoronazione di Poppea pour l’Opéra du Kent dont il fut un temps le directeur musical), le disque n’avait connu qu’une poignée de microsillons avec son Schütz Choir, illustrant des pages vocales du Sagittarius à Berlioz, en passant par Alessandro Scarlatti et Mendelssohn.

Quelle surprise de le voir d’un coup chef symphonique, et s’attelant à rien moins qu’une intégrale des Symphonies de Beethoven relue avec toutes les attentions de l’interprétation historiquement informée. EMI attendra que l’ensemble soit rodé, il lui faut du sang neuf pour la branche anglaise de sa série Reflex, les London Classical Players en seront à compter du courant des années 1980 le nouveau fer de lance.

Leur intégrale des Symphonies de Beethoven, vibrato banni, phrasés percutants, bois verts, aura fait l’effet d’une bombe, mais la vraie révolution fut leur saisissante Symphonie fantastique, dévoilant toute la modernité de la grammaire berliozienne. EMI accompagna ce voyage souvent dérangeant jusqu’à Wagner et Bruckner, tout le Romantisme lavé de frais, récuré diront certains, qui lui reprocheront à revers de son alacrité rythmique un cœur un peu sec.

Qu’ils écoutent seulement sa Symphonie « Italienne » où soudain Norrington ne se refuse pas quelques instants de rubato. La somme est plus diverse qu’on a voulu l’écrire, les Ouvertures de Rossini, les Schubert, un atypique Requiem allemand de Brahms surprendront toujours autant qui les entendra sans a priori, et côté opéras, Don Giovanni n’a rien perdu de ses insensés effets de surprise, dont l’épatante distribution n’est pas la moindre (tentez aussi sa Zauberflöte).

Retrouver tout cela réuni, c’est entrer dans l’atelier, qui depuis aura produit une méthode illustrée abondamment avec l’Orchestre du Südwestfunk, mais cela est une autre histoire.

LE DISQUE DU JOUR

Roger Norrington
The Complete Erato Recordings

Œuvres de Georg Friedrich Haendel, Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Carl Maria von Weber, Felix Mendelssohn-Bartholdy, Hector Berlioz, Robert Schumann, Franz Schubert, Richard Wagner, Gioacchino Rossini, Richard Wagner, Anton Bruckner, Bedřich Smetana, František Škroup, Johannes Brahms, Henry Purcell

London Classical Players
Orchestra of St. Luke’s
Camerata Salzburg
Roger Norrington, direction

Un coffret de 45 CD du label Erato 0190296245275
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Photo à la une : le chef d’orchestre Roger Norrington – Photo : © DR