Les Préludes, les Etudes ? Non, Ilia Kim, remarquée pour son beau disque Clementi, choisit de dresser le portrait de Debussy en jeune homme. Ce qu’elle fait entendre de la Suite bergamasque, élargissant les tempos, creusant les paysages, est décidément singulier, grand piano qui a ses arguments, refuse la miniature, chante appassionato. Le Prélude est un portique, le Menuet vraiment dansé, et avec des apartés façon colloque sentimental, un petit coté Watteau, Clair de lune en forme de romance, et puis ce Passepied élégant, un peu étrange, avec une main gauche très guitare.

On l’aura compris, l’imagination est au pouvoir au long de cet album remarquable, écoutez seulement l’ampleur désolée dont elle pare ce chef-d’œuvre qu’est le Nocturne. Images oubliées désarmantes de poésie (Lent semble découler du Nocturne) avec une teinte un brin fantasque dans Quelques aspects, Pour le piano empli de paysages, pris en tempos larges (le Prélude est creusé dans des sons d’orgue, la Toccata brille sans tonitruer), Rêverie étoilée et Danse bohémienne savoureusement troussée. Chez Debussy, Ilia Kim ne doit pas en rester au jeune homme.

LE DISQUE DU JOUR

The Young Debussy

Claude Debussy (1862-1918)
Suite bergamasque, CD 82,
L. 75
Nocturne, CD 89, L. 82
Images oubliées, CD 94, L. 87
Rêverie, CD 76, L. 68
Pour le piano, CD 95, L. 95
Danse bohémienne, CD 4, L. 9

Ilia Kim, piano

Un album du label Dynamic CDS7975
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Photo à la une : la pianiste Ilia Kim – Photo : © DR