Israel libéré

Belle idée, regrouper la cantate festive que Telemann écrivit sur le texte de Wilhelm Zacharia et celle de son cadet de trente-quatre ans, Johann Heinrich Rolle. Le second est bien oublié : Die Befreiung Israels, enregistré il me semble en première mondiale, prêche pour qu’on le découvre.

Kappellmeister de la ville de Magdebourg, Rolle serait-il un des maîtres oubliés de l’Empfindsamkeit en musique ? L’invention mélodique, le raffinement des couleurs, les éclairs dramatiques et la profondeur des élégies, tout semble en faire le frère de Carl Philipp Emmanuel Bach. L’œuvre est superbe, abonde en surprises (Rolle indique « Ein musikalisches Drama » là où Telemann préfère « Ein musikalisches Gedicht »), dévoile un génie mélodique certain, c’est la révélation de ce beau disque porté par des solistes visiblement amoureux de l’œuvre, Peter van Heyghen en soulignant les contrastes.

En comparaison l’opus de Telemann semblera bien convenu, pris dans la gangue stylistique du siècle précédent, la belle bande fait tout ce qu’elle peut pour lui donner l’élan qu’il n’a pas vraiment, mais du moins une merveille paraît : l’ultime air de la soprano porté par les pizzicatos et les flûtes, chanté avec art par Miriam Feuersinger.

LE DISQUE DU JOUR

Georg Philipp Telemann (1681-1767)
Das befreite Israel, TWV 6:5
Johann Heinrich Rolle
(1716-1785)
Die Befreiung Israels,
WacR I:11

Miriam Feuersinger,
soprano
Elvira Bill, mezzo-soprano
Daniel Johannsen, ténor
André Morsch, basse
Sebastian Myrus, basse

il Gardellino
Peter van Heyghen, direction

Un album du label Passacaille PAS1132
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Photo à la une : © DR