Parmi ses premiers disques, Christian Zacharias dévoilait son clavier de peintre pour une belle anthologie de Sonates de Scarlatti, piano opulent, phrasés sculptés qui n’excluaient pas un toucher parfois impondérable, ce n’était d’ailleurs plus un piano à force de timbres et de couleurs, mais un petit ensemble instrumental. Rien pour évoquer le clavecin, rien pourtant qui puisse se couler dans un regard romantique, rien d’un mi chemin également, mais bien un univers qui poursuit encore le pianiste : il y est revenu pour son nouvel éditeur MDG.
Ce même piano d’orchestre, ignorant par nécessité purement musicale toute la littérature relative à l’interprétation historiquement informée, le voici chez Bach, aussi éloquent qu’il soit appliqué à la plus complexe des Partitas, comble du savant, ou aux danses et aux airs de trois Suites françaises.
Clarté des polyphonies, désarmant espressivo des cantabile (la Sarabande de la Suite en ut mineur), plénitude des timbres qui fait de chaque ligne un chant, tendance certaine à l’introspection, ce Bach marie paysages et élévation d’un même geste, rappelant les plaisirs physiques et les évasions spirituelles que les pianistes d’un temps révolu y osaient.
Le modèle de Christian Zacharias serait-il Edwin Fischer ? Peut-être, cette sonorité dorée… mais plus encore l’introspection lumineuse d’un Claudio Arrau, dont l’art commença chez Bach pour y finir. Gageons que pour Christian Zacharias, ce n’est ici qu’un début.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Partita No. 3 en la mineur, BWV 827
Suite française No. 2 en
ut mineur, BWV 813
Suite française No. 5 en
sol majeur, BWV 816
Suite française No. 3 en
si majeur, BWV 814
Christian Zacharias, piano
Un album du label MDG 9402280-6
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Photo à la une : le pianiste Christian Zacharias – Photo : © DR