L’illustration de la pochette montre le visage du violoncelliste entouré d’un tapis de feuilles automnales, à demi immergé, l’eau des songes, les mystères de la mort, du rêve, des métamorphoses, voilà Tout un monde lointain… incarné.
Cet orchestre comme un océan, ce violoncelle divagant entre silence et embruns, jamais la partition de Dutilleux n’aura trouvé une telle dimension onirique, archet infiniment mobile dans les soieries et les cosmos dont l’aura entouré Dutilleux, entre torpide et vertige.
Le réglage de l’orchestre obtenu par David Robertson donne la sensation d’un rêve éveillé où le violoncelle est comme un opium, le tout réussit ce que voulait Dutilleux : la correspondance parfaite de sa musique avec l’univers de Baudelaire (ce qui n’était arrivé à ce degré qu’une fois auparavant, avec Der Wein d’Alban Berg et ne s’est plus reproduit après la création du Concerto de Dutilleux).
Version hypnotique, jusque dans la grande vague de Houles, et plus encore dans la trouble raréfaction de Miroirs, temps suspendu où Victor Julien-Laferrière chante morendo, moment sublime comme hors du temps, pure essence de songe.
Vous l’aurez compris, les mots me manquent, et plus encore pour l’œuvre de Pascal Dusapin, cet Outscape à la croissance végétale tout aussi mystérieuse que je n’ai pas encore totalement apprivoisé mais dont le chant continu de l’orchestre et du violoncelle produit sa part d’envoûtement, miroir idéalement tendu au chef-d’œuvre d’Henri Dutilleux.
LE DISQUE DU JOUR
Henri Dutilleux (1916-2013)
Tout un monde lointain…
Pascal Dusapin (né en 1955)
Outscape*
Victor Julien-Laferrière, violoncelle
Orchestre National de France
David Robertson, direction
*Kristiina Poska, direction
Un album du label Alpha Classics 886
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Photo à la une : le violoncelliste Victor Julien-Laferrière –
Photo : © Lyodoh Kaneko