Affinités électives

Les deux concertos favoris de Martha Argerich ? Probablement, documentés l’un et l’autre par nombre de captations, studio ou concert, j’ai souvent picoré d’une version à l’autre, puis, dès l’entrée du Deuxième Concerto de Beethoven, l’élan léger de la battue, l’élégance mozartienne de l’entrée du piano, le giocoso subtil de l’ensemble ont souligné mieux qu’un échange entre la pianiste et le jeune chef, une osmose, qui rend le discours évident, phrasés, tempos, apartés, échanges, tout un monde où l’écoute mutuelle permet la liberté de l’un et de l’autre sans que jamais un hiatus ne paraisse.

Pour le Beethoven, c’est gagné, et pour le sol de Ravel que Martha Argerich s’est approprié depuis sa jeunesse ? L’orchestre y est plus périlleux, cela s’entend parfois dans l’Allegramente, mais l’imagination, les nuances, les couleurs partagées entre clavier et orchestre enivrent, tout comme un Final qui claque au vent. Le miracle, et en fait le miracle absolu de l’album, c’est l’Adagio assai, où Martha Argerich dit tout dans une sorte de résignation douloureuse qu’éclairera à peine l’embellie du trille, et ce hautbois triste… Là où tant chantent dans un grand soleil, Lahav Shani et Martha Argerich font un ténébreux nocturne. Ecoutez seulement.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et
orchestre No. 2 en si bémol majeur, Op. 19

Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et
orchestre en sol majeur,
M. 83

Martha Argerich, piano
Israel Philharmonic Orchestra
Lahav Shani, direction

Un album du label Avanti Classic AVA10662
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Photo à la une : la pianiste Martha Argerich et le chef Lahav Shani – Photo : © Avanti Classic