L’intonation est pure, le chant large, l’archet phrasant dans les registres, faisant entendre toute la richesse harmonique du Composelice, splendeur d’équilibre et de profondeur signée par Stradivarius en 1710.
Quelle audace pour un premier disque d’oser le Beethoven, à Vienne en plus. María Dueñas joue ses propres cadences, loin des excès modernistes, surtout elle joue en classique, mesurant les élans, distillant toujours un phrasé contrôlé admirablement modelé, qui se suspend dans un Larghetto hors du temps, merveille de ce premier enregistrement où elle collationne cinq autres cadences écrites par des compositeurs presque tous virtuoses du violon. Les curieux iront d’abord à l’exception, celle de Camille Saint-Saëns, plus connu comme pianiste, si peu courue et si bien sentie. Manfred Honeck entoure ce violon stellaire d’un orchestre diseur, qui tend les lignes et creuse les paysages, on ne cesse d’avoir l’oreille aux aguets d’abord pour la perfection de la violoniste, mais aussi pour le geste du chef.
Compléments en forme de portait de l’artiste, pris chez les cinq compositeurs des cadences. Qui connaît encore ce merveilleux Adagio de Spohr où s’invite la harpe ? Ecoutez les mystères distillés par la Berceuse d’Ysaÿe ou la Légende de Wieniawski, ou encore le charme pur, joué sans aucune afféterie du Liebesleid de Kreisler. Ecoutez surtout la tenue de cet archet, le style impeccable de cette jeune fille dans la redoutable Havanaise de Saint-Saëns.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon et orchestra en ré majeur, Op. 61 (cadences : María Dueñas ; et en annexe, cadences du premier mouvement composées par Louis Spohr, Eugène Ysaÿe, Camille Saint-Saëns, Henryk Wieniawski et Fritz Kreisler)
Louis Spohr (1784-1859)
Symphonie concertante pour violon, harpe et orchestre en sol majeur, WoO 13 (extrait : II. Adagio)
Eugène Ysaÿe (1858-1931)
Berceuse pour violon et orchestre en fa mineur, Op. 20
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Havanaise pour violon et orchestre en mi majeur, Op. 83, R. 202
Henryk Wieniawski (1835-1880)
Légende pour violon et orchestre en sol mineur, Op. 17
Fritz Kreisler (1875-1962)
Liebesleid (No. 2, extrait des « Alt-Wiener Tanzweisen »)
María Dueñas, violon
Volker Kempf, harpe
Wiener Symphoniker
Manfred Honeck, direction
Un album de 2 CD du label Deutsche Grammophon 4863512
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Photo à la une : la violoniste María Dueñas –
Photo à la une : © Felix Broede