Deux grandes Sonates pour le nouveau siècle, vraiment ? Dans l’abondante production pianistique d’Alexandre Glazounov, ces deux opus restent peu courus. Ce délaissement, seulement brisé par Leslie Howard puis par Stephen Coombs dans le cadre de son intégrale, souligne à quel point les pianistes russes se sont détournés longtemps de ces partitions alors même qu’ils se penchaient sur les deux Sonates de Tchaikovski, auxquelles celles de Glazounov ne cèdent pourtant en rien. Emil Gilels est ma connaissance la seule exception, il aura du moins gravé la Deuxième Sonate.
La perfection de la forme, les grands jeux polyphoniques, plus sensibles encore dans la seconde datée de 1902, dont le Finale se construit sur un sujet fugué, ne parviennent pas à masquer l’inspiration mélodique, la verve narrative, les élans assez Schumann qui en magnifient le discours et dont s’empare avec poésie et audace Nikolay Medvedev dont j’avais tant aimé le premier album réunissant Rachmaninov et Medtner.
Il anime les structures impeccables, célèbre ce romantisme classique que Glazounov proclamait avec tant d’art face aux audaces modernistes, au soufre et à l’érotisme d’un Scriabine. Merveille entre ces architectures sonores, les Trois Miniatures, petites scènes de ballet où le toucher adamantin de ce décidément beau pianiste invite une chorégraphie délicieuse, pur charme où s’évoque dans la Valse finale ce monde bientôt perdu de la Russie impériale.*
LE DISQUE DU JOUR
Alexandre Glazounov
(1865-1936)
Sonate pour piano No. 1 en si bémol mineur, Op. 74
3 Miniatures, Op. 42
Sonate pour piano No. 2 en mi mineur, Op. 75
Nikolay Medvedev, piano
Un album du label Quartz Music QTZ2150
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Photo à la une : le pianiste Nikolay Medvedev – Photo : © DR