Certains auront cru ces concerts captés durant l’ultime saison de Bernard Haitink, disparu en 2021 dans sa quatre-vingt-douzième année ; or, l’enregistrement de la Septième Symphonie de Gustav Mahler date de février 2011, la Romantique de Bruckner de janvier 2012, soit sept années avant que le chef néerlandais ne pose définitivement sa baguette.
Mais le crépuscule avait déjà envahi son art, distillant une épure, élargissant les horizons, refusant toute grandiloquence. Un détachement séraphique donne à la Romantique des allures d’éternité, exigeant des Bavarois un contrôle des dynamiques, un jeu en creux qui forcent l’écoute. Bernard Haitink était passé de l’autre côté du miroir, les paysages qu’il dévoile ici sont à la fois irréels et quelques peu désincarnés, la lenteur de la battue y infuse une lyrique toute schubertienne. Quel voyage !, à condition de renoncer à tout à priori.
Une année auparavant, le Chant de la nuit résonne avec une tout autre présence dans la Philharmonie in Gastein, Haitink faisant son miel des alliages automnaux que lui offraient les Bavarois. Il les laisse chanter dans des tempos larges pour mieux déployer leurs sortilèges, raffine les univers opiacés des deux Nachtmusik, fait du Schattenhaft en effet un ballet d’ombres tout en estompes. Finale ample, les Bavarois préférant y faire attendre avant les déchaînements hymniques une immense Kammermusik dont Bernard Haitink savoure chaque instant. Nuit de magicien, sans plus rien de tragique.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 7 « Chant de la nuit »
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Bernard Haitink, direction
Un album du label BR-Klassik 900209
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Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 4 « Romantique »
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Bernard Haitink, direction
Un album du label BR-Klassik 900213
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Photo à la une : le chef d’orchestre Bernard Haitink –
Photo : © John Bridcut