Commentant le dernier album de Joachim Carr (Numinosum, voir ici), je m’apercevais ne pas connaître son premier disque, le voici.
Débuter sa phonographie par les Davidsbündlertänze, quelle audace !, que le jeune homme assumait déjà en poète : l’équilibre entre Florestan et Eusébius tend vers le second, dans un piano magnifiquement aérien, où la nuance dolce est quasi philosophique.
Quel lyrisme tout au long de ces dix-huit danses qui semblent autant de réponses à celles du Carnaval, comme il en soigne les récits et les couleurs : la qualité du jeu parle d’elle-même et s’emploiera aussi à une lecture décantée des mystérieuse Variations sur un thème original de Johannes Brahms. Ecoutez comment, par le jeu des harmonies, Joachim Carr laisse apparaître les fantômes de ce thème aérien, merveille de suggestion qui frôle l’irréel.
Coda chez Berg, dans la si difficile Sonate. Manière d’aller plus loin dans le délitement de l’harmonie après le voyage onirique de Brahms ? Oui, et d’en faire entendre au-delà même de la fièvre expressive cette élévation quasi spirituelle où le clavier s’allège pour mieux en évoquer les mystères. Coda chez Schumann, presque superflue, mais comme Joachim Carr chante ce Widmung encorbellé par Liszt !
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann
(1810-1856)
Davidsbündlertänze, Op. 6
Johannes Brahms
(1833-1897)
Variations sur un thème original en ré majeur, Op. 21 No. 1
Alban Berg (1885-1935)
Sonate pour piano, Op. 1
Franz Liszt (1811-1886)
Widmung, Liebeslied von Robert Schumann, S. 566
Joachim Carr, piano
Un album du label Claves Records 50 14-16
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Photo à la une : le pianiste Joachim Carr – Photo : © Andrej Grilc