Ouvert sur un mystère avant l’efflorescence du violon (et comme Josef Špaček l’envole sur son magnifique Guarneri del Gesu, le « Le Brun »), l’Adagio vole en éclats dans un inextinguible vivo avant de s’épanouir en un bref choral, puis le mystère revient. Quelle œuvre !, que cet opus écrit pour Benno et Sylvia Rabinof par Bohuslav Martinů durant son exil américain, le moins connu de ses concertos, injustice qu’explique la formation inhabituelle pour laquelle il fut composé.
L’univers suractif de la 4e Symphonie y transparaît, écriture virtuose, giocoso des Allegros où Martinů réemploie avec habileté les principes du concerto grosso, mais contrairement à l’ultime symphonie (les « Fantaisies »), tout ici est irradié d’un vaste soleil.
Interprétation irrésistible qui supplante celle de Bohuslav Matoušek, Karel Košárek et de Christopher Hogwood (Hypérion), affaire de style, de raptus, simplement de brio. Josef Špaček et Miroslav Sekera ajoutent la Troisième Sonate, chef-d’œuvre de la série, elle aussi datant du temps des Amériques, avant de conclure avec les Cinq Pièces brèves iconoclastes, avec un peu de jazz et de tango, composées dans ce Paris des années trente où le jeune Martinů osait tout.
LE DISQUE DU JOUR
Bohuslav Martinů
(1890-1959)
Concerto pour violon, piano et orchestre, H. 342
Sonate pour violon et piano No. 3, H. 303
5 Pièces brèves pour violon et piano, H. 184
Josef Špaček, violon
Miroslav Sekera, piano
Orchestre Symphonique de la Radio de Prague
Petr Popelka, direction
Un album du label Supraphon SU 4330-2
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Photo à la une : le violoniste Josef Špaček – Photo : © Radovan Subin