Le titre de l’album est joli, et guerre trompeur, Falla l’a écrit : pour tout ce qui tenait à son métier, Paris fut sa Mecque, apprenant son orchestre en regardant par-dessus l’épaule de Ravel mettant au net sa Rapsodie espagnole, et s’immergeant dans l’univers de Debussy, et d’abord dans ses Bilitis dont l’écho est si sensible au long du premier poème de Théophile Gautier ; le second dit assez son Ravel par la prosodie et le piano à clochettes, tout cet Orient imaginaire est très Shéhérazade. L’Espagne viendra pourtant, pour cette Séguidille avec déjà un peu de gitanerie.
Tout un autre univers paraît dans les Dos Rimas de Becquer, surtout dans le second qui pourrait être chanté par la Salud de La vida breve. De sa voix légère Maya Villanueva est idéale dans les Gautier, chez Becquer, mais pour les deux rares Canciones de María Lejarraga, l’un des poètes de son Amor brujo, aussi admirables que peu connus, composé dans l’étau de la Grande Guerre, pour les célèbres Canciones populares españolas ?
Elle y est, dans la limite de son instrument, magnifique surtout pour les Lejarraga, mais aussi dans l’opus célèbre, disant assez la faute que révèle la tache du Pano moruno, envolant la Seguidille sur le piano très guitare de David Saudubray, caressant la berceuse dans les limites du silence mais pas sans mélismes, un peu timide pour la Jota, affaire d’instrument plus que d’intention.
Joli disque, que David Saudubray poétise encore de quelques pièces de piano, les Tombeaux pour les amis défunts sont particulièrement touchants.
LE DISQUE DU JOUR
Manuel de Falla (1876-1946)
3 Mélodies sur des poèmes de Théophile Gautier
Serenata Andaluza
Preludios
Tus ojillos negros
2 Rimas
4 Piezas españolas (extrait :
No. 4. Andaluza)
7 canciones populares españolas
Homenaje pour le Tombeau de Claude Debussy
2 Canciones de María Lejarraga
Pour le tombeau de Paul Dukas
Maya Villanueva, soprano
David Saudubray, piano
Un album du label Klarthe Records KLA162
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Photo à la une : la soprano Maya Villanueva –
Photo : © Jean-Baptiste Millot