L’autre visage d’Alkan, à revers du piano virtuose de la Sonate, des Etudes, mais pas moins essentiel, et au fond plus moderne. Ce que Mark Viner rassemble ici n’est pas seulement des « grotesqueries », le charme du Petit conte, le faux ton compassé de la Toccatina, le faux Schumann de la Quasi-Caccia sont avant tout des poésies tenant de cet art du charme un peu décalé qui n’hésite pas à faire tricoter les doigts du virtuose. Mark Viner s’y régale évidemment, il sait aussi rendre toute l’étrangeté du Tambour bat aux champs, où l’image sonore si captivante du Chemin de fer.
C’est qu’Alkan est autant maître du bref que de la grande forme ; la vignette lui permet de condenser son art, d’en aviver le caractère, d’en magnifier la poésie, mais le pianiste anglais qui est engagé dans ce qui semble devoir être une intégrale de son œuvre pianistique réussit ce tour de force que peu d’interprètes de l’auteur du Festin d’Esope auront approché : jouer Alkan pour ce qu’il est, un Romantique, et aussi pour ce qu’il deviendra dans le grand livre du piano du XIXe siècle, le premier Moderne.
LE DISQUE DU JOUR
Charles-Valentin Alkan (1813-1888)
L’œuvre pour piano, Vol. 6 : Pièces de caractère et Grotesqueries
Petit conte
Pour Monsieur Gurkhaus
Jean qui pleure et Jean qui rit
Toccatina, Op. 75
Désir, fantaisie
Capriccio alla-soldatesca, Op. 50
Le tambour bat aux champs, Op. 50bis
Fantasticheria
Chapeau bas!
Ma chère liberté et Ma chère servitude, Op. 60
Quasi-Caccia, Op. 53
Le chemin de fer, Op. 27
3 petites fantaisies, Op. 41
Mark Viner, piano
Un album du label Piano Classics PCL10275
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Photo à la une : le pianiste Mark Viner – Photo : © Mark Viner