Omega

L’instrument d’abord, un sublime clavecin allemand des années 1750, dont le facteur reste inconnu : texture claire, clavier fluide, sonorité naturellement élégante que portent des registres contrastés. Dans une si belle caisse, les polyphonies ne s’enchevêtrent jamais, elles rayonnent, les canons exposent leurs inventions d’autant que Christophe Rousset ne presse pas. Tout doit sourdre de la partition dans une ampleur qui laisse l’harmonie s’étendre.

Le geste pourrait paraître sévère, il ne l’est guère, écoutez seulement le ton de grande fantaisie du Contrapunctus X alla Decima, manière de proclamer que l’espressivo est toujours présent, jusque dans l’ascèse qui est l’un des objets de cette tour d’ivoire sonore, mais pas le seul.

Au fond, Christophe Rousset qui arpente le clavecin de Bach depuis son temps de jeune homme chez L’Oiseau-Lyre, aura attendu à bon escient pour graver l’oméga de cet univers ; il sait y mettre la poésie nécessaire pour en animer les marbres, sans pourtant jamais perdre l’intensité formelle, la tentation de l’abstraction dont le vertige vous saisira parfois, comme dans la spirale du Contrapunctus IV.

Magistrale proposition qui refuse d’intimider, avec l’appoint parfait de Korneel Bernolet, pour les cinq Contrapunctus à 2.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Die Kunst der Fugue,
BWV 1080

Christophe Rousset,
clavecin
Korneel Bernolet, clavecin (12-15)

Un album du label Aparté AP313
Acheter l’album sur le site du label Aparté ou sur Amazon.fr ― Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le claveciniste Christophe Rousset – Photo : © Eric Larrayadieu