Naissance d’un Beethovénien

Plus de concerts, mais la solitude qui l’aura préparé à cette ascèse nécessaire : Emil Gryesten se sera engagé dans un huis clos avec l’ultime Beethoven : ces deux disques, fruits du retrait dû à la pandémie, dévoilent le but que son art cherchait. D’admirables disques Liszt et Schubert pour le même éditeur m’avaient déjà surpris en bien, mais Beethoven est son univers ; carrures, phrasés, ampleur, exaltation, il va au feu de la Hammerklavier dans une urgence qui sidère, après avoir ardé l’Opus 101.

Ce piano si intense évite toute grandiloquence, et tout métal ; il chantera toujours, les trilles vertigineux des trois dernières Sonates rappellent que jusque dans les plus abrupts précipices de la pensée il entend d’abord la permanence du chant, de ses couleurs, clavier vocal qui ne craint pas de tonner, et ira dans un rêve éveillé, un quasi somnambulisme, traquer chaque respiration poétique de l’Adagio sostenuto. Quelle Hammerklavier décidément !, qui laisse espérer qu’un si beau pianiste face le voyage à rebours dans ce continent.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 28
en la majeur, Op. 101

Sonate pour piano No. 29
en si bémol majeur, Op. 106
« Hammerklavier »

Sonate pour piano No. 30
en mi majeur, Op. 109

Sonate pour piano No. 31
en la bémol majeur, Op. 110
Sonate pour piano No. 32 en ut mineur, Op. 111

Emil Gryesten, piano

Un album de 2 CD du label Danacord DACOCD973
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Photo à la une : le pianiste Emil Gryesten – Photo : © Julia Severinsen