« First CD release » claironne un bandeau d’angle au recto du disque. Je crois bien que c’est « first release » tout court.
En mars 1975, elle céda aux demandes de la BBC qui préférait enregistrer dans la sécurité du studio les œuvres du programme qu’elle donnerait en concert. Sécuriser … vraiment ? Peine perdue pour la Première Sonate de Schumann, où quelques manques, quelques incertitudes sont emportés par cette furia que rien ne pouvait arrêter et qu’aucune correction ne pouvait ripoliner. Mais écoutez comment elle phrase l’Aria, comment elle en varie les humeurs, magique simplement, quelle diseuse !
C’était un fait connu, pour Annie Fischer, la prise de risques était nécessitée ; même au disque, elle s’amenda rarement sinon pour son intégrale des Sonates de Beethoven remise sans cesse sur le métier au désespoir des ingénieurs d’Hungaroton, mais comme elle le confessait elle-même : « pour Beethoven, après Schnabel, j’ai intérêt à bien me tenir ». Et de se resservir un whisky.
La merveille de ces inédits reste le second cahier des Impromptus de Schubert, hors du temps, prodigieusement chanté, en tempos larges comme si elle voulait suspendre le temps, avant de fuser l’Allegro scherzando, qu’elle pimente de traits tziganes.
Stupéfiante Annie Fischer !
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann
(1810-1856)
Sonate pour piano No. 1
en fa dièse mineur, Op. 11
Franz Schubert (1797-1828)
Impromptus, Cahier 2,
D. 935
Annie Fischer, piano
Un album du label ICA Classics ICAC5178
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Photo à la une : la pianiste Annie Fischer – Photo : © Molnár Edit/NTB