Au disque, Géza Anda ne croisa pas Karl Böhm. Sous étiquette DG, Elsa Schiller entérina sa collaboration évidente avec Ferenc Fricsay, compatriote certes, mais d’abord parfait frère en musique ; Rafael Kubelik et Herbert von Karajan suivront. Les deux mozartiens ne se retrouveront au concert que trois fois : en janvier 1956 avec les Berliner pour un Premier Concerto de Beethoven restant à éditer, puis pour les deux œuvres publiées ici.
En direct de Lucerne en cet été 1963 – l’éditeur a eu la bonne idée de conserver les annonces radiophoniques – Karl Böhm retrouvait le Philharmonia pour un ré mineur très sombre, empli de sfumato, où le piano de Géza Anda apporte une note dramatique tout au long d’un Maestoso qui file : vingt minutes ! L’Adagio sera andante, empli de paysages, et le Finale, assaisonné d’une bonne dose de paprika, fabuleux.
Quelle ardeur dans tout cela, avec des prises de risque que l’autre captation en concert de cette œuvre selon Géza Anda, quatre ans plus tard, avec le Concertgebouw et Eugen Jochum, ignorera, plus minérale, moins libre.
Est-ce pour conjurer le cancer que le pianiste hongrois choisit le lumineux 18e Concerto de Mozart, ajout d’importance par ailleurs à la discographie de Karl Böhm ? L’entente est magique durant ce concert du Festival de Salzbourg de 1974, et l’Andante où semble se plaindre Barberina, un sommet d’émotion. La magie opère aussi chez le pianiste, qui semble indemne de toute fatigue.
Edition soignée d’après les bandes originales, le livret contient d’émouvantes photographies prises en marge du concert salzbourgeois.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms
(1833-1897)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ré mineur, Op. 15
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 18 en si bémol majeur, K. 456
Géza Anda, piano
Philharmonia Orchestra
Wiener Philharmoniker
Karl Böhm, direction
Un album du label Prospero/Géza-Anda Stiftung PROSP0100
Acheter l’album sur Amazon.fr ― Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : le pianiste Géza Anda à Lucerne, en 1968 –
Photo : © Adelmann Archives