N’a-t-on jamais dépeint la nostalgie tragique du Wanderer de Schubert à ce point d’évidence ? Secret de Konstantin Krimmel, ne pas choisir entre le mot et la note, chacun trouvant ses espaces de résonance dans le creusement de son timbre.
Au désespoir du Wanderer de Schubert répond l’appel à la mort du Wanderer de Loewe, pas moins émouvant dans le piano d’estompe dont l’entoure Ammiel Bushakevitz. Tristesse magique de ces deux respirations jointes qui seraient l’emblème d’un album réunissant ces maîtres du lied et de la ballade, l’Erlkönig au galop fiévreux chez Schubert (et sans le jeu des trois voix, il reste le narrateur du poème), le vaste récit d’Archibald Douglas (poème de Fontane) chez Loewe, jadis au concert Hans Hotter ardait leurs affinités électives, dans l’art de dire sinon dans le timbre Konstantin Krimmel fait entendre cette filiation.
Aussi saisissant que soient les Loewe, vous irez d’abord aux Schubert : le mordant d’Am Schwager Kronos, le temps suspendu d’Am Bach im Frühling, l’amer étrange de Fahrt zum Hades laissent espérer pour bientôt la venue de Konstantin Krimmel dans les paysages du Winterreise.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Der König in Thule, D. 367
Fahrt zum Hades, D. 526
Totengräbers Heimweh,
D. 842
Erlkönig, D. 328
Am Bach im Frühling, D. 361
Der Wanderer, D. 493
An Schwager Kronos, D. 369
Carl Loewe (1796-1869)
Archibald Douglas, Op. 128
Meerfahrt, Op. 93
Der Totentanz, Op. 44 No. 3
Wanders Nachtlied, Op. 9 No. 3b
Geisterleben, Op. 9 No. 4
Süßes Begräbnis, Op. 62-I No. 4
Die Uhr, Op. 123 No. 3
Konstantin Krimmel, baryton
Ammiel Bushakevitz, piano
Un album du label Alpha Classics 1088
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Photo à la une : le baryton Konstantin Krimmel et le pianiste Ammiel Bushakevitz – Photo : © Florian Huber