Maurice Ravel est un des sujets de l’art d’Anna Vinnitskaya. Voici bien treize ans, un premier album pour naïve la montrait inspirée autant par Miroirs que par Gaspard de la nuit, un Concerto en sol majeur suivra, aujourd’hui ce sont les Valses, nobles certes, sentimentales peut-être, étranges surtout, surchargées d’intentions, ce qui devrait leur nuire, mais ne leur nuit pas. J’écoute les libertés, les suspensions, je savoure les sfumatos, tant d’élégance jusqu’à une certaine préciosité en agaceront certains, pas moi. Je guette l’ultime valse : les spectres sont bien là.
Elle refermera l’album chez Ravel, tutoyant le vertige si malaisé pour les doigts de cette Valse où elle met un point d’honneur à faire entendre l’orchestre. Après les gestes si spectaculaires de Martin James Bartlett et d’Aurélien Pontier, elle prend son temps, détaillant les atmosphères, retenant le tourbillon, composant une gradation où semblent passer des vapeurs d’opium.
Fascinant, bien plus que les anecdotiques Puppentänze de Chostakovitch. Heureusement le cycle de Jörg Widmann, piquant, déluré et poétique tout à la fois, est d’un autre étiage, elle s’en régale.
LE DISQUE DU JOUR
Maurice Ravel (1875-1937)
Valses nobles et sentimentales, M. 61
La valse, M. 72
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Puppentänze
Jörg Widmann (né en 1973)
Zirkustänze
Anna Vinnitskaya, piano
Un album du label Alpha Classics 1044
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Photo à la une : la pianiste Anna Vinnitskaya – Photo : © DR