Péchés capitaux

Dès l’abrasion des accords qui ouvrent la Symphonie berlinoise, la messe est dite : Joana Mallwitz et son orchestre signent un disque Kurt Weill majeur, d’abord pour les deux Symphonies, peu mais toujours bien enregistrées (De Waart, Bertini surtout, la Première de Sawallisch, les Seconde de Jansons et de Shani), plongée dans un brasier qui en exalte la radicalité moderniste, mais surtout pour une interprétation faramineuse des Sept péchés capitauxKatharine Mehrling sera désabusée, cruelle, ironique, fataliste, terrible.

Elle a entendu le modèle laissé par Lotte Lenya, s’en inspire sans copier, elle sait les subtilités qu’Ute Lemper y a joutées, à leur égal elle est totalement Anna, jusque lorsque la narratrice qu’elle devient décrit l’ultime étape du voyage, ce San Francisco où semble passer le souvenir de Lulu face à Jack l’Éventreur. Les boys sont au diapason, formidables.

Sur son chant blessé, Joana Mallwitz met son orchestre délétère, si intimement lié à la voix de la chanteuse que déjà je rêve de les retrouver dans un album herborisant les songs de la période américaine, il ne faut pas qu’elles en restent là !

LE DISQUE DU JOUR

The Kurt Weill Album

Kurt Weill (1900-1950)
Symphonie No. 1
« Berliner Sinfonie »

Die sieben Todsünden
Symphonie No. 2
« Fantaisie symphonique »

Katharine Mehrling
(Anna I & II)
Michael Porter, Simon Bode, ténors
Michael Nagl, baryton
Oliver Zwarg, baryton-basse

Konzerthausorchester Berlin
Joana Mallwitz, direction

Un album du label Deutsche Grammophon 4865670
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Photo à la une : la cheffe d’orchestre Joana Mallwitz –
Photo : © Sima Dehgani/Deutsche Grammophon