Le beau chant

Le secret de cette voix : le son juvénile. Ce fut l’atout majeur de Roberto Alagna qui rayonna jeune homme en Rodolfo, incarnation idéale qui montrait au-delà de la grâce du timbre et de la poésie des mots, car ce chant dira toujours, une science vocale où passait le souvenir des allégements et des élans d’Aureliano Pertile, ce Radamès auquel il révéra d’aller, et qu’il tentera.

Admirable Roberto Alagna, qui pour fêter ses soixante ans nous offre un album assez fabuleux où le timbre n’a pas pris une ride, ni l’effusion du chant, et où il aura le contre-ré de Chapelou, renouvelant avec ce mélange de grâce et d’héroïsme le petit miracle qu’y opérèrent Ivan Kozlovski et Nicolai Gedda, et ce français plus entendu depuis Alain Vanzo ou Albert Lance ! Quel Postillon, on lui donne vingt ans !

L’album offre des raretés, en allemand, son Lohengrin dont le « In fernen Land » évoque celui de Konya, mais aussi Lyonel pour un formidable « Ach, so fromm ». Il ira même du côté russe pour l’air de Lensky, mais préférera le français pour les enchantements du Marchand hindou de Sadko, peut-être bien la perle volontiers sombre, de l’album.

On ira aux Français fatalement (sublime « Nymphes attentives » du Polyeucte de Gounod qui résume ce que dire et chanter ensemble veut dire), pour ressaisir cet art perdu qu’il aura réincarné, mais on ne boudera pas l’air du « Frate ‘inamorati », ni l’air de Jontek (Moniuszko), ni les frivolités qui referment ce disque généreux, rappelant qu’Eddie Barclay lui avait offert en 1985 son premier 45 tours au titre prometteur, Embrassez-moi.

Et bien volontiers on l’embrasse au long du beau coffret où Warner a réuni toutes les intégrales qu’Alain Lanceron lui aura destinées. Par où commencer, ah, sans hésiter par son De Grieux, historique, au disque pour la Manon d’Angela Gheorghiu alors qu’à la scène de la Salle Favart, dans les circonstances tragiques que l’on sait, il transportait à force d’érotisme Leontina Vaduva, Vaduva auquel il répond dans une sublime Bohème ; mais tout ici est d’or et même ce Trovatore médit par la critique à sa parution, qui n’a pas su y entendre le style parfait, l’impeccable chant d’une voix qui rendait à Manrico sa noblesse sans oublier son feu.

LE DISQUE DU JOUR

60

Œuvres de Giuseppe Verdi (1813-1901), Charles Gounod (1818-1893), Adolphe Adam (1803-1856), Friedrich von Flotow (1812-1883), Richard Wagner (1813-1883), Stanisław Moniuszko (1819-1872), Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), Nikolai Rimski-Korsakov (1844-1908), Ambroise Thomas (1811-1896), Giacomo Meyerbeer (1791-1864), Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736), Riccardo Drigo (1846-1930), Ruggero Leoncavallo (1857-1919), etc.

Roberto Alagna, ténor
Morphing Chamber Orchestra
Giorgio Croci, direction
Un album du label Aparté AP351
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Roberto Alagna
all’Opera

The Complete Opera Recordings on Warner Classics

CDs 1-3
Georges Bizet (1838-1875)
Carmen, GB 9,
WD 31

CDs 4-5
Gaetano Donizetti (1797-1848)
L’elisir d’amore, A 36

CDs 6-7
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Lucie de Lammermoor (version en français)

CDs 8-10
Charles Gounod (1818-1893)
Roméo et Juliette, CG 9

CDs 11-12
Jules Massenet (1842-1912)
Werther, DO 26

CDs 13-15
Jules Massenet (1842-1912)
Manon, DO 17

CD 16
Jules Massenet (1842-1912)
La Navarraise, DO 18

CDs 17-19
Jacques Offenbach (1842-1912)
Les Contes d’Hoffmann

CDs 20-21
Giacomo Puccini (1858-1924)
La Bohème, SC 67

CDs 22-23
Giacomo Puccini (1858-1924)
La rondine, SC 83

CDs 24-25
Giacomo Puccini (1858-1924)
Tosca, SC 69

CDs 26-28
Giacomo Puccini (1858-1924)
Il trittico
Il tabarro, SC 85
Suor Angelica, SC 87
Gianni Schicchi, SC 88

CDs 29-31
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Don Carlos

CDs 32-33
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Il trovatore

Un coffret de 33 CD du label Warner Classics 50271192260611
Acheter l’album sur le site du label www.jpc.de ou sur Amazon.fr

Photo à la une : le ténor Roberto Alagna –
Photo : © Gregor Hohenberg/Sony Classical