Les héroïnes de Liszt sont le prétexte de ce voyage qui s’attarde longuement en Suisse. La nature dorée du beau Steinway du Kulturzentrum de Toblach est un parfait miroir pour l’élégance native, la fluidité, le grand son ouvert que Tanguy de Williencourt dispense au long de l’album.
Au lac de Wallenstadt atmosphérique, jeux d’eau quasi ravéliens d’Au bord d’une source, méditation et orage appassionato pour un ombreuse Vallée d’Obermann dont la donnée romanesque ne s’absente jamais, Cloches de Genève irréelles à force de nuances, quatuor parfait qui fait regretter de ne pas avoir toute la Première Année de pèlerinage sous de tels doigts de poète.
L’art de phrasé emplit le Liebestraum, plus encore l’Impromptu en fa dièse majeur qui lui répond en ajoutant un rossignol, il envolera une saisissante Bénédiction de Dieu dans la solitude avant d’anoblir les tourments et les visions de la Sonate, dont l’arche est mise en lumière avec une rare science de la tension harmonique, qui déjà surprenait dans la Vallée d’Obermann : ce piano si kaléidoscopique ne craint pas l’épique, infuse une poésie et un lyrisme qui empêchent de tonitruer, vraie leçon de style d’un musicien dont chaque disque surprend en bien.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Liszt (1811-1886)
Liebestraum en la bémol majeur, S. 541/3 (Oh Lieb, so lang du lieben kannst)
Années de pèlerinage I, S. 160 – Suisse (4 extraits : II. Au lac de Wallenstadt, IV. Au bord d’une source, VI. Vallée d’Obermann,
IX. Les cloches de Genève)
Impromptu en fa dièse majeur, S. 191 (Nocturne)
Bénédiction de Dieu dans la solitude, S. 173/3
Sonate pour piano en si mineur, S. 178
Tanguy de Williencourt, piano
Un album du label Mirare MIR746
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Photo à la une : le pianiste Tanguy de Williencourt –
Photo : © Jean-Baptiste Millot