Soirée miraculeuse, et peu repérée dans l’héritage discographique de Peter Schreier. Salzbourg le connaissait alors (1979) comme un des mozartiens de la seconde équipe Böhm, celle qui avait succédé à compter de la fin des années soixante au team historique, mais surtout comme liedersänger : un récital chaque année dès 1969. Tous enregistrés, ils mériteraient une publication exhaustive.
Mais en 1978, après tant de programmes consacrés aux Romantiques (seule incursion moderne, le Journal d’un disparu), il ose toute une brassée de Lieder de Richard Strauss, rares chez lui-même au disque, onze annoncés dans le programme, trois en plus dans les bis sans doublonner, et c’est merveille, l’élan pur du chant, l’envol des mots et des émotions remboursant son timbre relativement ingrat que rédime un art du chant proche du sublime.
Le reste est plus attendu côté Beethoven et splendide, An die ferne Geliebte fut toujours sa propriété, plus surprenant par le caractère poivré qu’il donne aux rares Mélodies tziganes d’Antonín Dvořák chantées dans la traduction de Max Brod, magnifiques, mais vous irez d’abord aux Strauss où son alliage magique avec le piano de paysages d’Erik Werba transporte.
LE DISQUE DU JOUR
Antonín Dvořák (1841-1904)
7 Mélodies tziganes, Op. 55,
B. 104
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
An die ferne Geliebte, Op. 98
Zärtliche Liebe, WoO 123
(Ich liebe dich, so wie du mich)
Der Kuss, Op. 128
Neue Liebe, neues Leben (No. 2, extrait des « 6 Gesänge, Op. 75 »)
Richard Strauss (1864-1949)
8 Gedichte aus « Letzte Blätter », Op. 10, TrV 141
(3 extraits : No. 3. Die Nacht ; No. 4. Die Georgine ; No. 7. Die Zeitlose)
6 Lieder, Op. 17, TrV 149 (extrait : No. 2. Ständchen)
6 Lieder aus « Lotosblätter », Op. 19, TrV 152
(extrait : No. 4. Wie sollten wir geheim sie halten)
Schlichte Weisen, Op. 21, TrV 160 (3 extraits : No. 1. All mein’ Gedanken ;
No. 2. Du meines Herzens Krönelein ; No. 4. Ach weh mir unglückhaftem Mann)
4 Lieder, Op. 27, TrV 170 (3 extraits : No. 1. Ruhe, meine Seele ;
No. 3. Heimliche Aufforderung ; No. 4. Morgen)
3 Lieder, Op. 29, TrV 172 (2 extraits : No. 1. Traum durch die Dämmerung ;
No. 3. Nachtgang)
5 Lieder, Op. 48, TrV 202 (extrait : No. 1. Freundliche Vision)
Peter Schreier, ténor
Erik Werba, piano
Un album du label Orfeo C 399951B
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Photo à la une : le ténor Peter Schreier –
Photo : © picturedesk.com/ullstein-Bild-Meißner