L’effectif est peu ou prou celui en jeu lors des créations des œuvres, mais pour la philologie, on en restera là. Le regard, avant tout lyrique, que porte Yannick Nézet-Séguin sur le quatuor brahmsien, ne cherche pas à singer les lectures historiquement informées, il se coule dans la tradition sans faire un faux pli, et prend plaisir à musarder : l’Arcadie de la Deuxième Symphonie l’y pousse avec des bonheurs certains, la clarté de la phalange l’y aidant.
Mais l’exercice a aussi ses limites : les orages de la Première sont de poche, la Troisième manquera de furia, pas la Quatrième dont la modernité transparaît sous un spectre si clair, sous une baguette si ample, qui fait chanter les polyphonies dans toute leur ampleur et distille une étreignante mélancolie.
Lyrique absolument, différent certainement de tout ce que vous pouvez entendre dans les Symphonies de Brahms, dérangeant certainement, mais c’est une des vertus de ce voyage au long cours du chef canadien et des Européens qui pas à pas revisitent le grand répertoire symphonique.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms
(1833-1897)
Symphonie No. 1 en ut mineur, Op. 68
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73
Symphonie No. 3 en fa majeur, Op. 90
Symphonie No. 4 en mi mineur, Op. 98
Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Séguin, direction
Un album de 3 CD du label Deutsche Grammophon 4866000
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Photo à la une : le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin –
Photo : © George Etheredge