Anna Amalia, la sœur de Frédéric II, sut s’entourer. Alors que son frère ne voyait qu’en Carl Philipp Emmanuel Bach qu’un virtuose du clavier, elle s’attacha le compositeur, en faisant son maître de chapelle, le pensionnant. Lettrée, dotée d’une culture encyclopédique, toquée de musique, elle composa d’abord pour son instrument, cette flûte que son frère jouait également : une belle Sonate illustre son art subtil que Jean Brégnac détaille avec art.

La flûte est l’un des deux objets de ce disque qui reconstitue un éden musical illustré par deux Sonates en trio (dont celle si lumineuse, de Johann Philipp Kirnberger) et surtout par les audaces de la Sonate en solo de Carl Philipp Emmanuel Bach. L’autre instrument sera multiple, fortepiano>, clavecin et l’intimité du clavicorde pour la seule œuvre de Wilhelm Friedmann Bach, cette étrange Polonaise en mi mineur, dont Yoann Moulin trouve le ton nostalgique.

Une pincée de France avec des pièces à titre où Carl Philip Emmanuel Bach rend hommage à François Couperin, surtout à mesure une progression vers une certaine spiritualité portée par les Gellert-Lieder où Chantal Santon Jeffery met une intensité à la hauteur des textes. Troublant album imaginé par quelques musiciens échappés des Siècles où se dessine l’univers musical d’une princesse trop oubliée.

LE DISQUE DU JOUR

Liebe Amalia