La musique de chambre de Brahms fut l’élément central du festival qu’anima des années durant Lars Vogt. Revenant guetté par la mort à Heimbach, c’est avec Brahms qu’il prendra congé : la nuance tendrement désespérée qui empli l’Andante du Quatuor en ut mineur, dans les deux opus ce ton absolument chambriste évitant l’éclat pour mieux chanter partout, l’élégance des équilibres, la poésie funambule du clavier, une certaine inclinaison à la nostalgie changent considérablement le visage des œuvres.
Le fin soleil qui irradie au long du Quatuor en la majeur n’empêche pas une certaine inquiétude de tendre le discours, mais sans sacrifier l’esthétique rhapsode de l’écriture, l’une des plus libres coulées de la plume de Brahms jusque dans des polyphonies opalescentes.
Chambristes absolument, les deux disques font pleurer l’absence des hungarismes du Premier Quatuor, heureusement il avait gravé l’Opus 25 bien avant, avec Julia Fischer et d’autres archets virtuoses, aurait-il retrouvé l’élan, la furia qu’il y déployait jeune homme ?
Je me console avec le pouvoir poétique de ces deux chants du cygne, en attendant les propositions de Krystian Zimerman et de ses amis.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms
(1833-1897)
Quatuor avec piano No. 2
en la majeur, Op. 26
Quatuor avec piano No. 3
en ut mineur, Op. 60
Christian Tetzlaff, violon
Barbara Buntrock, alto
Tanja Tetzlaff, violoncelle
Lars Vogt, piano
Un album du label Ondine ODE1448-2D
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Photo à la une : la violoncelliste Tanja Tetzlaff et le violoniste Christian Tetzlaff, autour de Lars Vogt – Photo : © Giorgia Bertazzi