Étrange couplage : l’épure de Sibelius face au lyrisme solaire de Barber. On ne pourrait pas imaginer un même archet dans les deux œuvres, en tous cas pas dans ce rapprochement singulier que permet le disque.
Renaud Capuçon l’affirme, on entend naturellement son archet aussi brillant qu’enjôleur chez Barber, et il y triomphe dans les paysages kaléidoscopiques que lui projettent les Genevois et Daniel Harding, une sorte de cinéma sonore qui aurait trouvé son pendant évident dans le Concerto de Walton.
Pourtant l’album s’ouvre sur la ténèbre rhapsode du Concerto de Sibelius, un autre monde simplement. Daniel Harding impose à l’Orchestre de la Suisse Romande ce son minéral, cette abstraction qu’il aura su recréer à Genève après sa fréquentation assidue de la phalange suédoise, il campe cet horizon de glace, ce ciel bas où le violon du Français se fait barde, dit des sagas, fascinante version qui prend son temps au long d’un Allegro moderato visionnaire. Ah !, il a entendu Ginette Neveu et son recitativo !
Le Finale est gagné par une élégance qui ne nuit pas à la fièvre, mais la canalise, maîtrise suprême d’un violoniste qui signe là un de ses plus beaux enregistrements. Quel dommage qu’il n’y ait pas ajouté la furia du Concerto de Nielsen ! Demain peut-être ?, et demain aussi les Szymanowski, qui sait…
LE DISQUE DU JOUR
Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon et
orchestre en ré mineur,
Op. 47
Samuel Barber (1910-1981)
Concerto pour violon et
orchestre, Op. 14
Renaud Capuçon, violon
Orchestre de la Suisse
Romande
Daniel Harding, direction
Un album du label Erato 0190295058524
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Photo à la une : le violoniste Renaud Capuçon –
Photo : © DR