Bach sauverait-il Beatrice Rana de ses idiosyncrasies auxquelles elle ne résiste plus guère dans le répertoire romantique ? Oui, et au-delà de tout espoir, au point même d’une sévérité qui serait réductrice si elle ne s’alliait à la simplicité des phrasés, à la droiture des tempos, à la clarté des rythmes et des polyphonies, à l’élégance d’ornements minimalistes qui se coulent dans la ligne.
C’est bien vu, et joué dans sa grande technique qui s’entend d’abord à varier les dynamiques – pour le pianissimo l’assombrissement final de l’Adagio du Concerto en ré mineur, pour l’éclat tout en finesse de l’Allegro conclusif du Concerto en mi majeur – plus qu’à susciter des couleurs.
Ce noir et blanc, que renforcent encore les Amstellodamois emmenés du violon par Candida Thompson, participe à ce sentiment d’une lecture drastique jusque dans le grand son qu’elle revendique ; elle laisse surtout reparaître la fabuleuse pianiste d’abord musicienne, celle de ses flamboyants débuts : oui, Bach la remet dans le droit chemin.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Concerto pour clavier et
orchestre No. 1 en ré mineur, BWV 1052
Concerto pour clavier et
orchestre No. 2 en mi majeur, BWV 1053
Concerto pour clavier et
orchestre No. 3 en ré majeur, BWV 1054
Concerto pour clavier et orchestre No. 5 en fa mineur, BWV 1056
Beatrice Rana, piano
Amsterdam Sinfonietta
Candida Thompson, direction
Un album du label Warner Classics 5021732433589
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Photo à la une : la pianiste Beatrice Rana – Photo : © DR