Sa vie durant, Joseph Marx s’accrocha contre vents et marées à l’idéal post-romantique de la musique tonale. Comment lui en voudrais-je en découvrant son Trio-Phantasie de 1913, que j’ai tout de suite envie de qualifier de « Trio-Ballade » à l’imitation du qualificatif que Medtner appliquait aux œuvres coulées chez lui d’une veine bien particulière.

Écrite au bord du précipice de la première guerre mondiale, cette œuvre automnale n’en laisse rien paraître. C’est une promenade lyrique et subtile dans les paysages de cette Styrie de Basse-Autriche que le compositeur, né et mort à Graz, ne quitta vraiment jamais sinon pour quelques excursions italiennes. L’œuvre est d’une beauté certaine, absolument romantique mais moins « académique » qu’on pourrait le croire.

Comme bien des compositeurs viennois de son temps, Marx surcharge l’harmonie, la pousse à ses limites. Romantique, mais romantique d’après Tristan. Cela est encore plus vrai dans les mélodies qu’avait révélées Angelica Kirchschlager dans un CD précédemment publié par le même éditeur. Cela éclate ici dans le cycle des Vier Lieder nach Texten von Anton Wildgans que Simone Nold grave en complément du Trio. Ensemble magique, où l’influence française transparaît, et où la voix de soprano est accompagnée par un quatuor avec piano dont le second violon est remplacé par la flûte. Et je me dis, devant tant de sensualité, que décidément, Joseph Marx mérite la découverte au-delà de ses fameux Castelli Romani.

LE DISQUE DU JOUR

Joseph Marx (1882-1964)
Trio-Phantasie
Vier Lieder nach Texten
von Anton Wildgans

Trio Hyperion
Simone Nold, soprano
Christoph Renz, flûte
Felix Schwartz, alto

Un album du label CPO 777857-2