Une alchimie particulière réunit la Philharmonie Tchèque à la Troisième Symphonie de Gustav Mahler, affaire de timbres d’abord : les bois si verts pour les scherzos, le quatuor tranchant et ductile, les cuivres aux perces fines qui évitent toute lourdeur, cela suffirait à tirer l’œuvre vers la parabole, à l’éloigner de toute grandiloquence.
En fait rien n’a changé ici depuis la version si poétique de Václav Neumann. Semyon Bychkov s’engouffre dans cette symphonie-monde, refusant tout barnum dans le Kräftig dont l’épopée sonne comme épurée, musardant délicieusement dans le Tempo di minuetto, avant de conter les épisodes du Comodo, commencé comme une pastorale, poursuivi par le chant mystérieux du cor de postillon au loin (remarquable Walter Hofbauer), clos par cette vision où l’œuvre bascule.
Paille relative : Catriona Morison ne fait pas oublier les vrais contraltos qui ont incarné l’adresse de Nietzsche, mais comme les enfants sont vifs ! La nuit éthérée de l’orchestre, pure magie, le réveil magique du carillon, Semyon Bychkov a fait passer l’œuvre de l’autre côté du miroir : l’immense Ruhevoll s’élèvera, lente verticale portée par un élan spirituel rarement entendu.
Décidément, ce cycle abonde en bonnes surprises.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 3
Catriona Morison,
mezzo-soprano
Chœur Philharmonique de Prague
Pueri Gaudentes
Orchestre Philharmonique Tchèque
Semyon Bychkov, direction
Un album de 2 CD du label Pentatone PTC5187363
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Photo à la une : le chef d’orchestre Semyon Bychkov –
Photo : © Petr Chodura