De la musique

Igor Tchetuev s’est lancé depuis quelques années dans une intégrale des Sonates de Beethoven où son classicisme solaire se fait admirer à juste titre. Ses Sonates de Chopin, uniques opus captés pour Orfeo par la Radio Bavaroise en décembre 2002 montraient déjà la hauteur singulière de son art.

Ukrainien de naissance, il est décidément chez lui chez Chopin, jusque dans ce souci de ne pas briller qui sauve sa Sonate « Funèbre » de toute grandiloquence, mais pas de ses fantômes : écoutez le galop spectral du Finale.

Sans un marteau, son piano gorgé de couleurs sait chanter dans la pénombre : le grand déploiement de l’Allegro moderato de la Troisième Sonate n’est que chant subtil, la beauté de cette main gauche, la ligne de la mélodie, et dans tout cela cette fantaisie sans ostentation, ce sentiment d’évidence qui sauvent même la Première Sonate de ses facilités sont vraiment d’un maître trop discret au disque.

Qu’il parachève ses Sonates de Beethoven, certes, mais son éditeur d’aujourd’hui, Caro Mitis, devrait se souvenir à quel point il parle couramment l’idiome Chopin, et je rêve demain d’entendre sous des doigts aussi élégants, les Mazurkas ou les Polonaises.

LE DISQUE DU JOUR

Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano No. 1
en ut mineur, Op. 4
Sonate pour piano No. 2
en si bémol mineur, Op. 35
« Funèbre »
Sonate pour piano No. 3
en si mineur, Op. 58

Igor Tchetuev, piano

Un album du label Orfeo C619041A
Acheter l’album sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr ― Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Igor Tchetuev – Photo : © Marco Borggreve