Sacro profano

Leif Ove Andsnes ose un rapprochement irrévérencieux qui dit tout de cet entre-deux où Liszt se tint sa vie durant. Le dénuement de Via Crucis le sollicite peu, de doigts et même d’âme, les gosiers norvégiens s’en chargeant seuls, et en poésie assez minimale : on n’est pas à Rome.

Les six nocturnes des Consolations, plutôt déduites de Lamartine que de Sainte-Beuve, sont tout à fait profanes dans leur spleen élégant, Leif Ove Andsnes les déploie sereinement, usant d’une palette admirable de nuances, les donne apaisées, telles des prières, c’est un peu les tirer loin de leur cible, dont Chopin reste l’objet, mais musicalement, le geste se révèle aussi juste que touchant.

Ce voyage minimaliste se poursuit vers ces silences de musique que sont l’Andante lagrimoso, et le Miserere, d’après Palestrina, Leif Ove Andsnes faisant de leur presque-rien matière à étonnement, et dorant à l’or fin le second.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Liszt (1811-1886)

Via Crucis, S. 53
Øystein Stensheim, ténor (Jésus) – Olle Holmgren, baryton-basse (Pilatus) – Ditte Marie Bræin, soprano – Magnhild Korsvik, soprano – Mari Askvik, mezzo-soprano

6 Consolations, S. 172
Harmonies poétiques et religieuses, S. 173 (2 extraits : No. 9. Andante lagrimoso ; No. 8. Miserere, d’après Palestrina)

Leif Ove Andsnes, piano
The Norwegian Soloists’ Choir
Grete Pedersen, direction

Un album du label Sony Classical 198028566728
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Photo à la une : le pianiste Leif Ove Andsnes – Photo : © Chris Aadland