Ce n’était pas vraiment un secret : un désaccord, qui s’entend d’ailleurs, entre Arabella Steinbacher et Andris Nelsons, affaire de tempo, d’équilibre, avait minoré leurs performances relatives pour les micros d’Orfeo.
La violoniste a donc eu raison de revenir à ce Beethoven qu’elle avait enregistré, pour elle-même aussi, un peu trop tôt. Il lui fallait un chef qui la serve en tempos plus prestes, en orchestre plus léger, Gustavo Gimeno et les Luxembourgeois y pourvoient, et cela libère son violon fluide, alerte, d’une touche plutôt mozartienne : son archet n’y sacre pas le grand concerto absolu de répertoire, mais elle y flûte une œuvre pleine de fantaisie, avec son alouette dans le Larghetto et un finale dont le Rondo, si ingénument mené, évoque encore Mozart, en un mot le contraire de ce marbre que les grands anciens, Oïstrakh en tête, y mettait, mais guère, si l’on remonte dans le temps, Kreisler, qui préférait lui aussi y danser.
Arabella Steinbacher s’en serait-elle souvenue, ballerine d’archet absolument ? Probable.
La timbale d’apocalypse qui ouvre le Concerto de Georges Lentz, auquel le violon répond de la coulisse, offre un contraste saisissant, prélude à une partition fascinante. Ecrit pour Arabella Steinbacher vingt après Month, son concert composé pour l’alto de Tabea Zimmermann, le compositeur luxembourgeois est allé plus loin encore dans l’exploration des possibilités de l’instrument, mais ce qui retiendra d’abord l’attention est cet orchestre fuligineux dont les mystères sonores semblent parvenir d’un autre monde, on pense à Berg ou à Dutilleux.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur,
Op. 61
Georges Lentz (né en 1965)
« …to beam in distant heavens… » (Concerto pour violon et orchestre)
Arabella Steinbacher, violon
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Gustavo Gimeno, direction
Un album du label Pentatone PTC5187240
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Photo à la une : la violoniste Arabella Steinbacher –
Photo : © Mirco Taliercio