Caroline d’Ansbach, Princesse de la Maison Hohenzollern, orpheline à treize ans, élevée à la Cour de Frédéric I sous la tutelle bienveillante de Sophie-Charlotte, Reine de Prusse aux idées avancées, deviendra l’épouse de George II.
Cette souveraine éclairée, protectrice des arts de son nouveau pays, fut pleurée à sa mort par Haendel dans son éloquent « funeral anthem » The ways of Zion do mourn. William Christie referme, avec ce tombeau musical où le modèle de Purcell n’aura jamais paru si présent depuis l’enregistrement de John Eliot Gardiner (Erato), cet émouvant album qui retrace le service du musicien auprès de sa reine.
Belle idée de faire ainsi une monographie de leurs rapports, du rugissant et solaire « coronation anthem », The King shall rejoice à l’ode funèbre, en passant le Te Deum « Caroline » où d’entre les Pompes, William Christie fait naître des tendresses.
J’adore ces couleurs, cet allant, ce sens du vibré de l’espace, cette clarté de l’élan choral, qui font de l’album un hommage touchant, senti. Et encore une fois Tim Mead m’étonne par le radieux de sa voix, la nostalgie de ses accents : « Vouchsafe, O Lord » se teinte de dellerismes. Admirable.
Comme toujours dans les petits coffrets des Arts Florissants, une nouvelle se glisse pour ajouter le plaisir de la lecture à celui de l’ouïe, cette fois signée Douglas Kennedy, partagée entre humour et désillusion. L’objet est aussi discret que magnifique, cadeau idéal pour une personne aimée en cette période de fêtes.
LE DISQUE DU JOUR
Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Music for Queen Caroline
The King shall rejoice, coronation anthem HWV 260
The Ways of Zion Do Mourn, funeral anthem pour la reine Caroline, HWV 264
Te Deum en ré majeur « Queen Caroline », HWV 280
Tim Mead, contreténor
Sean Clayton, ténor
Lisandro Abadie, baryton-basse
Les Arts Florissants
William Christie, direction
Un livre-disque du label Les Arts Florissants Editions AF004
Photo à la une : (c) DR