Deux concerts Mahler de Klaus Tennstedt captés en 1980 avec l’Orchestre Symphonique de la NDR de Hambourg, cela ne pouvait m’échapper.
Dans la capitale hanséatique, Hans Schmidt-Isserstedt avait dirigé de stupéfiantes relectures du Chant de la Terre et des Symphonies Nos. 1, 2, 4 et 9, magnifiant le jeu des cordes, composant avec un art des équilibres presque mozartien un discours fluide qui cherchait la lumière.
Tout le contraire de la tempête que déclenche dés l’appel de trompette Klaus Tennstedt pour la plus expressionniste des 5e Symphonie que j’ai jamais entendue sous sa baguette. Tempos amples, qui permettent de tendre les phrasés jusqu’à l’insupportable, crescendo gigantesques qui semblent ne devoir jamais finir, accents fulgurants. Un orchestre ? Un océan.
Pourtant le vrai trésor de ce double album qui ne devra manquer à aucun mahlérien se trouve sur le second disque. Le 11 novembre dans le cadre si étrange de Kieler Schloss, Brigitte Fassbaender pleure littéralement les Kindertotenlieder. Version au noir, terrible d’émotion, où Tennstedt, bouleversé, l’écoute tant qu’il s’en trouve parfois désaccordé dans la lettre mais jamais dans l’esprit. Au concert, ce soir-là, elle trouve enfin le ton concentré, la vision morbide que le studio, avec Chailly ou avec Sinopoli, lui refusa. Allez, encore une fois Nun will die Sonn’so hell aufgehen.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler
(1860-1911)
Symphonie No. 5
Kindertotenlieder
Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano (Kindertotenlieder)
NDR-Sinfonieorchester
Klaus Tennstedt, direction
Un album du label Hänssler/Profil PH13058
Photo à la une : (c) DR