Un disque de bis ? Ce que les grands anciens collationnaient entre des albums Beethoven ou Brahms, se délassant les doigts ou les enflammant, devient pour les jeunes pianistes un enjeu.
Alexandre Tharaud avait réussi le sien, Tristan Pfaff le suit sur le même terrain, plus côté intime que brio, mariant le très célèbre – Clair de lune de Debussy, Danse rituelle du feu de Falla – avec des raretés – In das Album der Fürstin Metternich de Wagner ou le Cantabile de la Sonate H. 245 de C. P. E Bach. Et parfois, un tube qui reprend au piano sa signification première. Jamais la Valse triste de Sibelius n’a été aussi proche de sa nature originale : une musique pour la scène.
Mais ce qui me sidère, c’est la beauté de son jeu, la variété de son toucher, et partout la simplicité. Il ne sollicite pas – voyez la Marche funèbre pour une marionnette de Gounod où tant en font des tonnes !
Ailleurs, il crée des rapprochements aussi troublants qu’éclairants : lorsque s’achève l’Étude Op. 2 No. 1 de Scriabine, vous croyez entendre une autre de ses pièces. Mais non, c’est le Foglio d’album de Puccini ! Et choisir The Man I love pour ouvrir l’album sonne comme l’aveu de nous faire partager un journal intime.
Deux moments magiques, où le son devient irréel : Au printemps de Grieg et la Première Gymnopédie de Satie qui clôt le disque.
Les bis sont faits pour rêver.
LE DISQUE DU JOUR
Piano Encores
Œuvres de Albéniz, C. P. E. Bach, J. S. Bach, Brahms, Chopin, Debussy, Gerswhin, Gounod, Grieg, Kabalevski, Mozart, Prokofiev, Puccini, Satie, Schubert, Schumann, Scriabine, Sibelius, Tchaïkovski, Wagner
Tristan Pfaff, piano
Un album du label Aparté AP 107
Photo à la une : (c) DR