Longtemps je vécus avec l’enregistrement de la 4e Symphonie et du Miroir de peine d’Henrik Andriessen selon Eduard van Beinum. Irma Kolassi le rejoignait pour la mise en musique des textes d’Henri Ghéon.
Si le mélodiste était décidément subtil, c’est l’habileté de son écriture symphonique qui me séduisait d’abord, cet orchestre si clair, qui participait d’une grammaire un rien surréelle. Il y a dans les perspectives et les labyrinthes sonores d’Andriessen quelque chose des déserts d’architectures inachevées et de statues sans regard des toiles de De Chirico. Ses alliages de cordes et de bois ont l’étoffe même des rêves.
En cela, il reprend la plume étoilée là où l’avait laissée Diepenbrock, ses nuits de pleine lune ont une lumière de demi jour, et la 3e Symphonie cousue de songes est une merveille sous la direction sans apprêts de David Porcelijn. Impossible que vous ne vous laissiez pas entraîner.
L’autre visage de cet artiste singulier suit immédiatement : la Symphonie concertante est une partition de grand apparat, truffée de citations baroques, un « néo tout » virtuose qui dépasse Stravinski et se joue des styles avec une virtuosité ébouriffante.
J’espère pour demain un volume avec les concertos : ceux pour violon et pour violoncelle comptent parmi les chefs-d’œuvre de leur auteur.
LE DISQUE DU JOUR
Hendrik Andriessen (1892-1981)
Les œuvres symphoniques, Vol. 3
Symphonie No. 3 (1946)
Symphonie concertante (1962)
Ouverture « Chantacler »
Orchestre Symphonique des Pays-Bas
David Porcelijn, direction
Un album du label CPO 777723-2
Photo à la une : (c) DR