Piano-Paris

Paris années vingt. Un jeune homme polonais a fait de la France sa patrie d’adoption, il est compositeur, Ravel, Stravinski et tout le milieu musical l’adoptent, il est aussi pianiste et dans ce Paname cosmopolite commence à composer pour son instrument une œuvre empreinte de mystère et de lumière.

En entendant les trilles délicats qui viennent mettre des ailes au chant nostalgique de la Deuxième Mazurka du Premier Livre, telle que les caresse Danny Zelibor, j’ai l’impression que Chopin rencontre Le Tombeau de Couperin de Ravel.

Le pianiste Danny Zelibor - Photo : (c) Jeyson Paez
Le pianiste Danny Zelibor – Photo : (c) Jeyson Paez

Ce clavier si singulier, aux harmonies chaudes jusque dans des dissonances mordorées, s’inscrit dans le paysage français d’alors – Poulenc n’aurait pas renié les Danses miniatures, Satie aurait pu se reconnaître dans les pages blanches de la Sonata rustica – mais immédiatement Tansman le signe de son style, entre rêve et fantaisie.

Son œuvre de piano occupera quinze CD. Diane Andersen avait finement décalqué les Mazurkas, Eliane Reyes joué avec tendresse plusieurs cahiers, dont le kaléidoscope des Intermezzi, c’est aujourd’hui un jeune pianiste texan, Danny Zelibor, qui s’engage dans l’intégrale de cette part essentielle du catalogue de Tansman.

Le naturel du jeu, la plénitude du son, l’élégance de l’interprétation où tout chante sans soulignement m’ont saisit d’emblée. Le jeune homme va au cœur de cette musique secrète et splendide, parfois aussi nue que celle de Federico Mompou que Tansman affectionnait tant et dont il orchestra d’ailleurs les Scènes d’enfants.

Sans aucune crispation, respirant les vastes espaces de rêves sonores, déambulant dans cette nuit sereine où parfois s’exhalent quelques bouffées de jazz, Zelibor a tout compris de ces musiques pleines d’arrière-plans, où rodent une étrangeté heureuse qu’Alejo Carpentier avait si bien débusqué dans son article publié dans la revue Social en septembre 1929 dont le titre disait tout : « Alexandre Tansman y su obra luminosa ».

Je guetterai avec gourmandise les prochains volumes de cette aventure.

LE DISQUE DU JOUR

cover tansman zelibor vol 1Alexandre Tansman
(1897-1986)

L’Œuvre pour piano, Vol. 1
Sonata rustica
Quatre Danses miniatures
Recueil de Mazurkas (à Albert Roussel) – Livre I
Étude-Scherzo
3 Préludes, Vol. 1
4 Préludes, Vol. 2
Sonatine pour piano No. 1
5 Impromptus

Danny Zelibor, piano

Un album du label Toccata Classics TOCC0170
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Photo à la une : Le compositeur Alexandre Tansman – Photo : © DR
Photo artiste : © Jeyson Paez – 
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